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Un été sans alcool

Le Livre

Je me suis souvent demandé ce que j’aurais fait pendant la guerre et l’occupation allemande, si j’aurais, comme mon père, pris le maquis ? Cette question m’a longtemps habité.

Parce que j’en ai parlé avec lui. Parce j’ai grandi sur une terre de Résistance, la Corrèze, le Limousin. Parce que j’ai vu, durant ma jeunesse et mes premières années de journalisme, tant de cérémonies et de commémorations en présence de ces anciens combattants de l’ombre.

Parce que c’est une question encore très actuelle : face à une agression, face au retour d’une forme de barbarie, va-t-on réagir ou rester passif ?

J’ai construit le roman autour d’un drame qui a eu lieu à Brive, ma ville natale : le massacre de la Besse où des jeunes maquisards se sont fait piéger par les nazis ; dix-huit y ont laissé leur peau. Mais tout part d’un fait-divers qui incite mon héros Charles à mener l’enquête sur son passé, à la « Cold Case », avec l’aide d’un jeune des cités, Matt et de sa petite amie Maika.

Seuil, 2014 (Prix Arverne 2015, Prix littéraire national de l’Audiolecture 2016)

Quatrième de couverture

Le jour de sa majorité, Charles apprend que ses parents sont en réalité ses grands-parents : sa mère est morte en le mettant au monde le jour même de la Libération de Brive et son père aurait été tué avant sa naissance, en héros de la Résistance, massacré avec ses camarades de maquis. Charles a vécu sur un mensonge. Ces révélations l’affectent profondément. Il se met à boire, vend la distillerie familiale, s’installe à Paris où il mène une vie d’homme riche, solitaire, désenchanté et alcoolique.
Un demi-siècle plus tard, il est agressé dans un parc. Personne n’intervient. Seul Matt, un jeune des cités, musicien et passionné d’histoire, l’aide à se relever. Ce nouveau choc est un déclic pour l’ivrogne vieillissant qui se décide, enfin, à chercher la vérité sur son père. Commence alors une enquête historico-policière entre Paris, la Corrèze et l’ombre de ses maquis, l’Italie et l’Allemagne.

Extrait

Certains passent leur vie à prier, dans l’espoir d’adoucir leur mort. Devant de telles horreurs la notion de Dieu a-t-elle même encore un sens ? Moi je n’ai jamais affiché aucune croyance. Néanmoins, ce jour-là, mes yeux se sont levés vers le ciel et j’ai imploré n’importe qui, là-haut, de ne pas m’abandonner (un doute m’a assailli, je l’avoue, sur l’existence ou non d’un sauveur). En réalité, j’ai eu un coup de chance inespéré : je m’étais écarté de notre tanière pour aller assouvir un besoin naturel au bord de la Valière.

Dès le premier coup de feu, j’ai compris, c’était l’attaque que nous redoutions tant. Les Allemands arrivaient par les fermes, en haut. Le bruit des mortiers et des mitraillettes pilonnant nos positions était infernal. Mes oreilles éclataient. Mon cœur s’est mis à battre la chamade, une grande brûlure a inondé ma poitrine, je tremblais de tout mon corps. J’ai hésité : monter rejoindre mes camarades pour les aider à combattre – mais je savais que nous n’avions que des fusils de chasse, quelques 6,35 et un ou deux Mauser, bref des flingues dérisoires face au déluge de feu qui nous inondait – et je courais à une mort certaine ; ou prendre mes jambes à mon cou et longer l’eau pour rejoindre le château voisin puis la route de Brive du côté de Saint-Antoine.

C’est ce que j’ai fait. En pleurant. Les larmes coulaient sans retenue sur mes joues d’enfant. Je me sentais si lâche. Je culpabilisais de ne pas affronter l’ennemi, de fuir comme un poltron. Mes grandes convictions anti-nazies ont été balayées d’un coup. À la vérité, je chiais dans mes frocs. Je dois vous avouer que je l’ai regretté toute ma vie. C’est ainsi… J’avais une trouille d’enfer…

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