On l’avait déjà vu se glisser dans la peau de Flaubert, notamment en 2008 dans « Sacré Nom de Dieu ! » Jacques Weber revêt à nouveau le costume du grand écrivain, et s’y montre très à l’aise, dans « Gustave« , au théatre de l’Atelier. Avec délectation, truculence, force, et émotion, il donne chair à la correspondance de Gustave Flaubert. L’acteur reprend ainsi à son compte l’ambition de l’homme de plume : sortir du conventionnel, du bien pensant, du mièvre, et politiquement correct (Musset, Lamartine, les hommes politiques, les académiciens, et bien d’autres en prennent pour leur grade).
On savoure, on rit, on jubile. D’autant que ce que Flaubert écrivait au XIX° siècle résonne à pleine voix dans notre société de ce début de XXI°. Changeons quelques noms, et le théâtre politique actuel se dévoile. On ressort de là tonifié et l’esprit ouvert. Comme le confie Weber à propos de la correspondance de Flaubert : « Grand foutoir de génie ou de la mauvaise foi, des contradictions et excès de toutes sortes se dégage une formidable envie de vivre et de penser tout haut« .
Coup de chapeau à Weber pour ce monologue d’une heure et demi, mené de main de maître (malgré un ou deux passages en longueur, comme en a témoigné la tête dodelinante de la jeune fille devant moi). Et bravo à Philippe Dupont qui assume une réplique silencieuse, toute en gestes et en regards, n’ouvrant la bouche que pour prononcer un seul mot : « abricot« . Il faut aller voir la pièce pour savoir pourquoi !
« Gustave« , au théâtre de l’Atelier jusqu’au 31 décembre.