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Je connais un vieux monsieur de 95 ans, qui s’est mis à l’ordinateur à 80 ans passés, et pour qui l’iPad est devenu un outil de communication à sa portée. Formidable, non ?Néanmoins, lorsqu’il utilise un moteur de recherche, son mauvais accent anglais et son apprentissage tardif de l’informatique lui font prononcer « gogol » lorsqu’il lit « Google« . Or, le gogol est un nombre – 10 puissance 100 (1 suivi de cent 0) – tellement grand qu’on pourrait presque concevoir qu’il contienne toutes les données du web. C’est d’ailleurs de ce nombre que se sont inspirés Sergueï Brin et Larry Page pour donner un nom à leur société. Donc pas fou l’ancêtre !

300_gogolPourtant, il y a bien un Gogol qui entraine dans le monde de l’irraisonné. Nicolaï de son prénom. Écrivain russe mort à 43 ans, victime de troubles psychologiques qui l’ont conduit au suicide. Il a laissé deux grands romans Tarass Boulba et Les âmes Mortes, quelques pièces de théâtre dont Revizor, et des recueils de nouvelles comme Arabesques (1835) où l’on trouve Le journal d’un fou. Texte puissant qui marque le reflet d’une certaine Russie, avec un petit fonctionnaire qui parle le chien couramment, évite les collisions stellaires, et devient roi d’Espagne.

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Antoine Robinet © Jean-Claude Lallias (Cie des Perspectives 2014)

La Compagnie des Perspectives présente Le journal d’un fou dans une adaptation qui reprend une traduction inédite – celle de Louis Viardot – contemporaine de Gogol puisqu’elle est parue en 1845. Le monologue est porté par un jeune acteur, Antoine Robinet, dont le regard et le phrasé hypnotisent le spectateur du début à la fin. Sans fausse note dans le jeu, il pousse le spectateur à croire que ce petit paperassier russe est bel et bien devenu souverain espagnol. Il y a là du talent pour l’avenir.

Le journal d’un fou, au Guichet Montparnasse, jusqu’au 4 janvier.

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