Plein de bonnes choses, ces jours-ci, dans un monde pourtant pas toujours enthousiaste. L’arrivée du printemps, depuis quelques jours dans l’atmosphère, ce vendredi au calendrier. Le Salon du livre à Paris, toujours un événement, en dépit d’une préférence un peu chauvine pour la Foire du livre de Brive. Les prix Méditerranée, dont les jurys se sont réunis sur deux jours à Paris. Un joli mélange des trois pourrait faire rêver à un bon bouquin à dévorer sous les soleil de la grande Bleue, non ?
J’ai siégé dans les catégories poésie, roman français, et essai. Pour la première, le prix Nikos Gatsos présidé par Nana Mouskouri, la couronne est revenue (à une très large majorité des jurés) à Jean Orizet. Cofondateur de la revue Poésie 1 et des éditions du Cherche Midi, il le mérite tant par la richesse et l’ampleur de son œuvre, que par la profondeur de son écriture, et par les sujets qu’il traite : l’ailleurs, le voyage, le temps, soi-même dans le monde. A lire Le regard et l’énigme (Cherche Midi Éditeur) anthologie de ses principaux recueil.
En ce qui concerne le prix roman, le choix fut serré entre Françoise Chandernagor pour Vie de Jude, frère de Jésus (Albin Michel), et Valérie Zénatti pour Jacob, Jacob (Éditions de l’Olivier). Ce dernier l’a emporté (avec mon soutien), tant ce récit est à la fois poignant et beau. Une période de l’histoire remise en lumière : les jeunes garçons des colonies nord-africaines enrôlés pour aider la Première armée à libérer le sud de la France, puis à remonter vers le Jura et l’Alsace. Une écriture qui emporte, et à double focale : vue de Constantine par la famille qui attend sans savoir ; dans la foulée du jeune homme qui voit tomber ses copains un à un, mais qui s’engage totalement, jusqu’à la mort. La progression est allégorique et puissante dans son collectif, fragile et douloureuse dans l’intimité de Jacob. C’est aussi, au delà de la stratégie, de la politique, ou des religions, un formidable et inédit trait d’union entre les deux rives de la Méditerranée.
Enfin, lauréat du prix essai, Thierry Clermont pour un texte enlevé sur Venise, par le biais de ses grands morts, et en visitant l’île-cimetière de San-Michele (Le Seuil). Un voyage littéraire, historique, dans le dédale des ruelles et des canaux de la Sérénissime, qui redonne vie à de grandes personnalités qui ont marqué la ville et nous la font aimer.