« Chabatz d’entrar ». En Limousin, cette formule de politesse signifie : « Finissez d’entrer ! » On la prononce à l’invité à qui le café (ou la Liqueur Denoix en fonction de l’horaire…) sera servi pour rendre sa visite plus chaleureuse. La télévision régionale en a même fait plusieurs années durant le titre d’une de ses émissions phares. J’ai toujours aimé lire, depuis l’enfance. Quant aux premières pulsions d’écriture, elles sont survenues à l’âge où l’on quitte la jeunesse pour entrer dans la vie d’adulte. Mais jamais je n’avais osé pousser la porte de la littérature, je n’avais répondu à cette formule toute limousine chabatz d’entrar.
Jusqu’à ce que, la quarantaine passée, la plume de l’écrivain bouscule le stylo du journaliste. Que le besoin de jouer avec les mots autrement que pour narrer l’actualité du jour se fasse pressant. Que l’envie de raconter mes histoires plutôt que celle des autres s’impose à moi. C’est alors qu’une grande famille m’a accueilli le plus naturellement du monde, comme son nouvel enfant. Ne me laissant pas au pas de sa porte, elle m’a autorisé à en franchir le Seuil. Je suis fier et heureux de lui être fidèle, de tracer avec elle un sillon que j’espère long et fécond (même si des projets ponctuels m’ont conduit, et me conduiront encore vers d’autres maisons). Je le suis d’autant plus, après cette folle semaine : un Médicis, un Goncourt, un Décembre. Trois soirée de fête aux côtés de talents formidables : Antoine Volodine, Lydie Salvayre et Elisabeth Roudinesco.
Cerise sur le clafoutis (corrézien) : le plaisir de conclure cette semaine historique, chez moi, à Brive, pour une Foire du Livre exceptionnelle, dans cette ville au cœur de mon dernier roman « Un été sans alcool ». Rendez-vous donc jusqu’à dimanche, au stand du Seuil, pour partager notre amour de la littérature.
Et j’ajoute, durant cette belle semaine, le prix Apollinaire remis à la Bulgare Askinia Mihaylova pour son très beau recueil « Ciel à Perdre« . L’occasion de saluer le Poète (à gauche), une statue d’Étienne, à quelques mètres de la rue Apollinaire, à Saint-Germain des Prés, et mon ami poète Jean-Pierre Siméon qui a remis le prix après une lecture de Brigitte Fossey (photo ci-dessous).