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delacourtSans faire de psychologie à deux sous, chacun sait qu’on forme sa personnalité en fonction de ses premières années d’existence. Comme le chante Jean Ferrat, Nul ne guérit de son enfance. J’ignore quelle jeunesse a eue Grégoire Delacourt, et peu importe. Ses romans sont en tous cas marqués du sceau des fêlures du passé, et sans aucun doute le dernier plus encore.

En lisant « On ne voyait que le bonheur » (JC Lattès), vous verrez aussi du malheur, de la souffrance et de la violence. Et si Grégoire a choisi de narrer avec autant de force l’acte infligé à une enfant dans ce livre, c’est pour provoquer le choc, la prise de conscience que la violence envers les enfants existe hélas trop souvent aujourd’hui. Surtout, ce qui fait la puissance du livre, c’est la rédemption du père et le pardon de sa fille.

On sait gré à cet auteur l’entrain que portent ses histoires. Il dispose d’une écriture actuelle, tonique, d’aucun disent populaire. Et c’est tant mieux. A preuve les Goncourt, en le choisissant dans leur première liste de lauréats potentiels, ont voulu démontrer qu’il n’y a pas de style dit facile, et qu’on peut marier l’énergie contemporaine à des thématiques éternelles et délicates. Lisez Delacourt, rencontrez ses personnages cabossés mais tendres, et vous verrez, en creux, le bonheur.

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