Peut-être avez-vous vu devant les banques de France les files s’allonger tout au long de la semaine ? Ce vendredi est en effet le dernier jour pour échanger ses francs contre des euros. Profitant de cette date symbolique, j’ai voulu réfléchir au sens d’une monnaie, ce qui fait son poids ou non sur la scène internationale, si l’on peu s’en passer ou la remplacer par ces monnaies sans valeur que l’on voit apparaitre ici ou là (le Sol, l’Abeille, etc.). Pour cela, Jean-Paul Pollin, président de la Revue Economique, membre du Cercle des économistes, et directeur du laboratoire d’économie d’Orléans était mon invité.
Ecouter la séquence ici :
L’économiste JP Pollin dit que la monnaie serait fondée sur la confiance. C’est inexact. La valeur de la monnaie actuelle est fondée sur l’interdiction des autres monnaies. Pour acheter ou vendre, on est ainsi bien obligé d’utiliser la seule monnaie possible, c’est à dire la monnaie légale. L’État interdit la création de toute autre monnaie que la monnaie légale. D’autre part, l’utilisation d’un devise étrangère subit des frais administratifs qui rend son utilisation plus coûteuse. La monnaie actuelle est un monopole étatique.
Juste avant la fin de cet entrevue, JP Pollin commet une erreur sur l’Histoire des monnaies. En effet Pollin dit que les monnaies privées auraient été des « monnaies fondées sur rien ». C’est inexact. Bien au contraire, chaque billet émis était une promesse commerciale de la banque de fournir un gramme d’or. Et une promesse commerciale a de la valeur. En effet, s’il le demandait, chaque utilisateur obtenait son or en échange d’un billet.
Chaque billet de chaque banque était échangeable contre un gramme d’or. Sous la pression de leurs clients, elles ont été contrainte à collaborer. Chaque jour, les banques se réunissaient pour échanger les billets de l’autre banque contre des billets à elle. Ou bien contre de l’or. Ou bien contre une dette. C’est l’opération de « compensation » entre banques.
JP Pollin dit qu’une Banque Centrale serait nécessaire pour effectuer une telle compensation. La compensation existe évidement sans aucune Banque Centrale. C’est une erreur totalement incompréhensible pour un économiste de sa qualité.
Les monnaies privées écossaises ont durée 130 ans, de 1715 à 1845. Trente banques concurrentes émettaient chacune leur monnaie, sans Banque Centrale, sans aucun contrôle de l’État écossais. En 130 ans, aucun utilisateur n’a été lésé, malgré la faillite d’une des banques. Et aucune inflation par rapport à l’or, puisque chaque billet était une promesse d’or. L’Écosse était alors plus prospère que l’Angleterre.
JP Pollin comment ensuite une deuxième erreur sur l’Histoire monétaire. JP Pollin dit que les monnaies privées se seraient toujours toujours mal terminées. C’est encore inexact. Je cite ci-dessus le free banking écossais, c’est a dire les monnaies privées, dites encore monnaies libre, ou banques libres. En écosse, c’est l’État Anglais qui a décrété autoritairement la fin de la banque libre écossaise.
JP Pollin appuie son propos en affirmant que l’épisode de monnaie privée française du début du 19e siècle se serait mal terminée. Il y eut en effet, une période française de free banking entre 1797 et 1804. L’État n’intervenait pas. Les banques toutes privées émettaient des billets de banque. Chaque billet était une promesse commerciale de verser 1 gramme d’or. Et tout fonctionnait normalement.
Une de ces banques privées françaises appartenait à Napoléon lui-même et à quelques amis très proches. Le nom de cette banque était « la Banque de France ». Napoléon voulait financer ses guerres. Il imposa alors le monopole de la Banque de France. Il envoyait ses soldats détruire, manu militari, les presses permettant aux autres banque d’imprimer des billets. Ainsi, Napoléon a pu financer ses guerres.
Ainsi JP Pollin se trompe en affirmant que cet épisode de monnaies privées françaises sera mal passé. La cupidité de Napoléon, et sa violence, sont les seules causes de l’arrêt des monnaies privées françaises, de l’arrêt de cette période de free banking.
Plus généralement, il y eut de nombreuses périodes de free banking dans presque tous les pays développés. Elle furent prospères. Elles se terminèrent par la cupidité de l’État instaurant un monopole monétaire. Grâce au monopole monétaire, l’État peut emprunter plus facilement et à moindre cout. Un économiste comprend qu’il s’agit alors d’un impôt déguisé.
Voir mon papier sur les nombreuses périodes de free banking dans le monde, en Europe et en Asie. http://gidmoz.wordpress.com/2011/09/20/crises-monetaires-et-free-banking/
Les économistes de l’école autrichienne d’économie affirment qu’un système monétaire avec Banque Centrale dysfonctionne nécessairement, ou bien il est sous-optimal. Une Banque Centrale est aussi absurde que le serait un monopole étatique de la fabrication et de la distribution de chaussures dans un pays. Pour l’école autrichienne d’économie, la seule cause structurelle des crises monétaires est l’existence d’un monopole monétaire étatique. Hayek, Nobel d’économie 1974, avait publié des livres sur la nécessité de dénationaliser la monnaie. « dénationalisation de la monnaie ».