Avant lui, Voltaire s’était risqué à l’exercice : publier un dictionnaire philosophique. Mais il l’avait fait quasi anonymement tant les réactions à cette initiative furent violentes. Plus récemment, Alain avait réuni un certain nombre de définitions. André Comte-Sponville, agrégé de philo, longtemps maître de conférences à la Sorbonne, et auteur à succès, livre une nouvelle édition augmentée de son « Dictionnaire philosophique » ‘Presses universitaires de France. Son invitée : Geneviève Fioraso.
Ecouter la séquence ici :
En lisant Jean Staune (notre existence a-t-elle un sens?), j’ai note ce passage qui me montre qu la disparition du sacré ne sera pas sans conséquences: Seule une transcendance peut servir de fondement. Si elle n’existe pas, il nous faut respecter « une morale sans fondement ».
André Comte-Sponville a montré dans « morale sans fondement », que nous ne pouvions fonder nos valeurs et notre morale:
-Ni sur l’homme (comme le pensent les humanistes matérialistes) car il est capable du pire.
-Ni sur la nature (comme le pensent les écologistes) car elle est amorale.
-Ni sur l’histoire (comme le pensent les marxistes) car elle ne possède pas un sens précis.
-Ni sur la science (comme le pensent les scientistes) car, comme la nature, elle ne peut aborder les questions de morale.
Un philosophe comme André Comte-Sponville en est certainement capable, mais on peut douter qu’une société dans son ensemble le soit, si son unique cadre conceptuel est celui du « désenchantement du monde ». D’autant plus que Luc Ferry a montré l’extrême difficulté, voire l’incohérence, qu’il y a pour un matérialiste à parler de morale: « Il est incohérent de se dire matérialiste et d’envisager la moralité des actes humains comme si elle pouvait dépendre d’une liberté qu’on déclare par ailleurs tout à fait illusoire. Par où il me semble qu’un matérialisme conséquent devrait toujours se borner à une « éthologie » sans jamais parler de morale autrement que comme d’une illusion plus ou moins nécessaire. »
Saint Exupéry nous a déjà dit que l’humanisme matérialiste est sans issue et que le fondement de la liberté, de l’égalité et de la fraternité provient de notre « grande image de l’homme né de Dieu », en fait de la laïcisation d’un concept judéo-chrétien. Donc, si les fondements disparaissaient, toute forme d’humanisme risquerait bien d’être engloutie. Lorsque les religions dominaient les sociétés humaines, celles-ci n’étaient guère brillantes en termes de droits de l’homme, mais c’était bien parce que ceux qui les représentaient faisaient exactement le contraire de ce que disaient les textes sacrés qu’ils devaient enseigner!