Emmanuel Bove est un écrivain du début du 20° siècle, tombé dans l’oubli puis remis à l’honneur, et encore trop méconnu. L’écriture directe, froide mais non dénuée d’humour, décortique jusqu’à l’os la société de son époque, en particulier le monde des pauvres, des gens de peu, mais qui gardent leur dignité, leur courage, et leur intégrité.
Cette manière de raconter happe le lecteur, et Jean-Luc Bitton avoue – dans la préface du premier roman d’Emmanuel Bove, Mes amis, (republié par l’Arbre Vengeur) – qu’on devient facilement accroc, jusqu’à entrer dans « cette confrérie de lecteurs, admirateurs, inconditionnels, une sorte de franc-maçonnerie hétéroclite » que forment les aficionados « boviens ».
Victor Bâton, un trentenaire qui tire le diable par la queue, vit dans l’obsession de se faire des amis. Les portraits, brossés comme des nouvelles, de ses rencontres de hasard démontrent très vite que ces « amis » là n’en seront jamais ! Par son regard acéré, Bove dépeint une humanité pas forcément réjouissante, mais si agréable à lire…
Autre amitié, à la fois réelle et virtuelle : celle pour Jane de Marnie, petite fille solitaire qui vit au bord des falaises sur une île bretonne. Dans son dernier roman Le vertige des falaises (chez Plon), Gilles Paris – qui a déjà publié Autobiographie d’une courgette ou L’été des lucioles – voltige entre les personnages, dans des relations d’amitié ou de famille fragilisées par de lourds secrets.
L’écriture, chapitre après chapitre entre vérité et mensonges, entre mirage et réalité, nous donne le tournis comme ces falaises que l’auteur semble si bien connaitre. Chacun prend à son tour la parole pour saisir ce récit choral et nous dévoiler peu à peu ce que tous savent, dans cette histoire, mais que personne n’ose avouer, jusqu’à la fin…