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Décidément, la littérature consacrée à la seconde guerre mondiale a le vent en poupe. Pourquoi cet engouement, à l’heure où l’actualité nous porte plutôt vers le premier conflit franco-allemand dont le centenaire est largement commémoré ? Sans doute cela en dit-il assez sur l’inconscient collectif de ce pays, encore hanté par ces heures sombres où les héros furent sans doute moins nombreux que les salauds, même si souvent – surtout pour ces événements-là – rien n’est jamais vraiment ni blanc ni noir.

Les prix de la rentrée décernés à Éric Vuillard et Olivier Guez sacrent cette tendance, confirmée par le succès d’autres œuvres comme le très beau Niels d’Alexis Ragougneau (chez Viviane Hamy).

Le week-end dernier, à la Foire du Livre de Brive, j’ai été amené à animer un débat sur ces « mémoires de guerre ».

Trois ouvrages permettaient de dialoguer autour de ce thème : Avant que ma voix ne s’éteigne (Elytel) de Robert Hébras, L’Étoile jaune de l’inspecteur Sadorski (Robert Laffont) de Romain Slocombe, et Ces rêves qu’on piétine (Éditions de l’Observatoire) Sébastien Spitzer. Trois opus coup de poing qui ne peuvent laisser indifférent.

Le dernier survivant d’Oradour, Robert Hébras, livre son récit du drame ; avec simplicité et dignité, il explique pourquoi il a tenu à maintenir le souvenir du lieu, en y accompagnant régulièrement des jeunes écoliers allemands.

L’auteur de polar Romain Slocombe entraine dans les noirceurs de la collaboration, à l’heure même de la rafle du Vel’ d’Hiv’ et de la chasse aux juifs ; un rappel de l’innommable au cœur de Paris.

Enfin le journaliste Sébastien Spitzer brosse un portrait intime et édifiant de Magda Gœbbels, la « première dame du Reich », celle-là même qui – élevée par un beau-père juif – a embrassé le nazisme jusqu’à la lie.

Autant de textes très différents sur la forme, mais qui sur le fond renvoient à la même question : comment être certain que l’histoire ne renouvelle pas ses horreurs ?

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